mardi 1 mai 2007

[Pétrole]Le déclin de la production saoudienne

L’analyse de l’évolution de la production pétrolière de l’Arabie Saoudite suggère fortement que depuis la fin 2004 celle-ci est entrée dans une phase de déclin marqué de ses capacités de production.

Selon Stuart Saniford, les courbes de production récentes du royaume peuvent être découpées en deux périodes qui relèvent des deux logiques et de deux contraintes opposées : celles de la demande et celle de l’offre.

L’analyse que propose Saniford considère que l’Arabie Saoudite est sortie de la phase qu’il nomme « Swing producer », période de production « élastique », dont les variations correspondaient à des décisions prises par le Royaume en réaction aux tendances ou aux évènements survenant sur le marché pétrolier.

La deuxième phase, qu’il nomme « Supply constrained », indiquerait que les variations de production sont désormais contingentées par les limites des réserves dispobibles.

Pourquoi le déclin de la production pétrolière de l’Arabie Saoudite n’est pas volontaire

Par Stuart Staniford, le 8 mars 2007 - (extrait)

Production pétrolière 2002 - 2007

Production pétrolière de l’Arabie Saoudite, Jan 2002-Jan 2007, moyenne de quatre sources differentes. Sources : US EIA International Petroleum Monthly Table 1.1, IEA Oil Market Report Table 3, Joint Oil Data Initiative, OPEC Monthly Oil Market Report, Table 17 (or similar) on OPEC Supply.

Introduction

L’analyse de l’évolution de la production Saoudienne suggère fortement que depuis la fin 2004 l’Arabie Saoudite (AS) est entrée dans une phase de déclin rapide.

Le graphe ci-dessus résume mes conclusions qui sont :

La production Saoudienne peut être divisée en deux époques. Dans la première, précédent le troisième trimestre 2004, AS avait une réserve de capacité de production et agissait comme un producteur "élastique" à même de procéder à d’importantes variations dans son niveau de production afin de stabiliser le marché. Durant cette période, la plupart des évènements marquants de ce graphe peuvent être compris à partir des fluctuations de la demande.

Depuis la fin de 2004 AS est entré dans une nouvelle ère, ou elle ne peut plus augmenter ses niveaux de productions en réponse aux besoins de la demande, et au contraire, les figures marquantes de la courbe correspondent à des évènements ayant lieu du coté de la production.

Analyse du graphique

En 2002 AS augmentait sa production pour répondre à l’accroissement de la demande au moment ou le monde sortait de la phase de recession de 2001.

En 2003 il y eut un pic majeur de production qui a précédé l’invasion américaine de l’Irak et s’est prolongé durant celle-ci. Il s’agissait d’un mouvement volontaire destiné à stabiliser le prix du pétrole qui allait subir le contrecoup la chute de production en Irak. Après la fin des combats et la reprise de la production, la production Saoudienne diminua pour retrouver un niveau légèrement supérieur à celui de l’avant guerre.

Durant la période en 2003-2004, on a assisté à une augmentation du prix du pétrole due à l’accroissement de la demande de la Chine et des USA qui étaient dans une phase de croissance forte. Une fois qu’il est devenu clair que le prix du pétrole allait sortir de la tranche des 22-28$ que l’OPEP s’était fixée pour objectif, AS a décidé une importante augmentation de sa production au printemps 2004, dans le but de ramener les prix dans la tranche fixée. Elle n’a pas été capable d’augmenter sa production de plus de 1 million de baril/jour, et ce fut insuffisant pour stabiliser les prix, qui ne sont jamais redescendus à leur niveau de départ. Cet objectif de prix a été abandonné un an plus tard.

Après avoir continué a accroitre la production très légérement pendant plusieurs mois, la production Saoudienne a commencé à décroitre à la fin 2004. Cette tendance n’a été interrompue que par l’arrivée du premier mégaprojet de l’AS, avec ses 800 mille barils/jour (KBJ) du champ de Quatif et de Safah. L’apport de ces champs a interrompu la chute en 2005, mais n’a jamais été suffisant pour amener la production au dessus du pic atteint en 2004. il n’y a pas eu d’augmentation de la production en réponse à l’augmentation de prix enregistrée en 2005, pas plus que pour compenser les pertes dues à la baisse de production provoqué par les ouragans qui ont frappé les installations du Golfe du Mexique en 2005.

La production a commencé à décliner à nouveau en 2005 et plus rapidement en 2006. Cela n’a été interrompu que très brièvement par l’arrivée des 300 KBJ du nouveau champ de Haradh III à la fin du printemps 2006.

Conclusion

Si ces tendances devaient se prolonger, la production Saoudienne diminuerait de moitié en cinq ans. Plus vraisemblablement, de nouveaux champs de moindre importance seront mis en exploitation pour limiter le déclin.



Sources:

http://www.theoildrum.com/node/2331

http://contreinfo.info/