Voila un message récupéré sur bourso et relatant la crise actuelle:
"Bonjour M. Touati,
Vous critiquez de manière récurrente la position actuelle de M. Trichet qui opte pour un biais haussier en matière de taux et donc pousse l'euro vers des sommets. La plupart des candidats à l'élection présidentielle font de même..Evidemment, comme vous le signalez, cela est nuisible à la compétitivité économique de la zône euro, a fortiori, quand on scrute les chiffres de l'inflation. Ainsi, la question fondamentale est de comprendre pourquoi la BCE s'entête dans cette voie alors que rien ne justifie, a priori, une telle politique. Selon vous, c'est du simple dogmatisme. Selon moi, Trichet est un homme prudent et averti.
Ce qui pousse M.Trichet à augmenter les taux et à continuer ce biais haussier malgré une croissance fragile et une faible inflation, c'est le niveau d'endettement et l'expansion monétaire trés importante que l'on connaît depuis des années. N'oublions pas que depuis plus d'un an, les USA refusent de publier l'indice M3...arguant d'une faible utilité de cet indicateur. Il n'en n'est rien. L'europe continue à le publier. D'ailleurs, il y a deux semaines, la BCE vient de publier un taux d'expansion monétaire sur 2006 de plus de 10%!!! malgré un durcissement des conditions de crédit consécutif au relèvement des taux..et cela fait plusieurs années que cela dure. Les Américains veulent masquer cette dérive qui pourrait encore plus fragiliser le $, ils n'ont pas vraiment besoin de cela à l'heure actuelle.
La croissance US notamment et dans une moindre mesure la croissance européenne est fondée sur une expansion monétaire impressionnante alimentée par le crédit facile et toutes les techniques financières dont une assez célèbre à l'heure actuelle, le carry trade, dont je ne suis pas si certain qu'elle ait tant d'importance que cela.
Bref, quand vous analysez la structure de l'endettement des ménages et surtout son ampleur depuis quelques années, on comprend aisèment que M.Trichet s'inquiète plus de l'expansion du crédit que de la fermeté de l'euro. Du moins, entre deux maux, il a du faire un choix, le bon choix selon moi. Il tente d'opter pour un biais restrictif sans trop peser sur la croissance, manoeuvre délicate je le concède mais cela fait parti de ses attributions.
Discutez comme je l'ai fait avec des professionnels de la banque notamment les conseillers "part" qui sont au plus près des épargnants, leur discours est clair, ils sont frappés par l'insolvabilité des ménages...par leur taux d'endettement, ils ne remplissent plus les critères prudentiels généralement exigés. Alors qu'aux USA, on a développé les crédits subprime avec les conséquences que l'on commence à déceler auj, l'europe a fait preuve de plus d'orthodoxie à ce niveau, ce qui pourra peut être la préserver dans un avenir plus ou moins proche. Du moins, les ménages seront peut être aptes à rembourser leurs emprunts et à conserver leurs résidences, ce qui ne sera pas le cas de millions d'Américains ( on prévoit plus de 2 millions de saisies immobilières cette année aux USA).
D'ailleurs, si on s'intéresse à l'évolution du prix des actifs dans le monde, on constate que l'immobilier, les actions, les matières premières...tout monte de concert, harmonieusement..et les marchés n'ont qu'un mot à la bouche " trop de liquidités". D'où proviennent-elles?
De l'expansion monétaire et de l'endettement massif.
Un élément d'ailleurs significatif à mes yeux est le phénomène de titrisation des dettes. Les chiffres sont éloquents. En 2001, le volume de ces crédits titrisés était de 1000 milliards de $. En 2003, il était de 3000 milliards de $, à cette époque, Warren Buffet avait qualifié cette pratique et ce montant d'arme de destruction financière massive. Auj, nous sommes aux alentours de 26000 milliards de $...soit exactement le PIB des USA et de la zône euro cumulés..rien que cela.
les fameux dérivés de crédits, sont rachetés par les hedge funds, fonds de pension...qui ne subissent pas les contraintes règlementaires pesant sur les banques. Les banques, quant à elles, octroient les crédits en se souciant beaucoup moins de la solvabilité ou de la pertinence des projets envisagés...parce qu'elles en transfèrent la charge à des tiers via la titrisation. Cela n'apparaît donc pas dans leur bilan. Ces sommes colossales sont venues inonder le marché immobilier, les actions, les matières premières..etc
Ceci est donc rapidement mon point de vue sur les raisons qui poussent M.Trichet à agir de la sorte. JE pense qu'il a raison de tenter de brider le phénomène en europe.
Je vous invite à lire ces petites notes qui évoquent le pb de la titrisation:
http://www.ci.com/perspectivef/pdf/signature/winter_2007.pdf
http://www.ci.com/perspectivef/pdf/sterling/200612_f.pdf
http://www.banque-france.fr/fr/instit/telechar/discours/20070405.pdf
http://www.banque-france.fr/fr/publications/telechar/rsf/2006/chroni3_1206.pdf
On présente donc la titrisation svt comme une meilleure répartition des risques, je le vois auj plus comme une caution à des pratiques d'octroi de crédits laxistes et comme un potentiel liant à une crise financière...qui surviendra..tôt ou tard.
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