Trader marocain, Mostapha Belkhayate s'est fait un nom en remportant il y a sept ans le championnat du monde de la bourse organisé par l'association des Traders internationaux de Genève et s'est ensuite illustré en recommandant le pétrole et l'or juste avant leur envolée, classant dans la même volée Mansa Moussa Gold Fund, un fonds or de 250 millions de dollars dont il assure la gestion, en tête du peloton des fonds sur matières premières. Il revient sur les placements à privilégier pour 2007 et 2008.
Capital.fr : A presque 1,34 dollar pour un euro, le billet vert se situe à un plancher de deux ans face à la monnaie unique. Comment devrait évoluer la devise américaine, à moyen terme ?
Mostapha Belkhayate : La devise américaine va faiblir contre toutes les devises. Je ne serai pas étonné de voir d'ici la fin 2007 l'euro grimper à 1,45 dollar. Et le yen s'envoler face au billet vert, asphyxiant ainsi tous ceux qui ont emprunté la devise japonaise. Aujourd’hui le marché boursier souffre d’un dysfonctionnement qui ne peut pas durer éternellement : le principe naturel des vases communicants a disparu. Dans un marché sain, quand les actions montent, les obligations baissent, quand les bons du trésor chutent, les matières premières montent, quand l’argent quitte un continent, on le retrouve sur un autre. Mais depuis dix ans on assiste à un phénomène étonnant : tous les secteurs progressent, partout dans le monde. Il y a donc anguille sous roche ! L’explication est simple : un excès de liquidité inédit gonfle tous les secteurs boursiers, y compris l’immobilier et l’art. Cette surliquidité prend sa source au Japon. Depuis des décennies, la banque centrale prête de l’argent gratuitement (c’est-à-dire avec un taux insensé de 0%) au reste du monde. Des milliers de milliards qui sont aussitôt convertis en dollars, en livres sterling,… et investis à tort et à travers dans tous les compartiments boursiers. Les fonds spéculatifs s’en sont donnés à cœur joie pour utiliser au maximum l'effet de levier avec cette manne d’argent bon marché. L’heure de régler les comptes est arrivée. Il va y avoir la cohue au guichet japonais : les montants en jeu sont tout simplement astronomiques ! Cet assèchement de la liquidité mondiale va entraîner une baisse généralisée des actions, des obligations, des devises, de l’immobilier ainsi que de tous les placements spéculatifs. Je suis surpris que les professionnels ne perçoivent pas ou ne veulent pas entendre le grondement annonciateur de ce tsunami financier. D’autant que la Chine ne va pas rester les bras croisés avec ses 1.000 milliards de dollars, dont la valeur risque de s'évaporer.
Capital.fr : La faiblesse du dollar devrait peser sur le marché français… Quel objectif avez-vous sur le CAC 40 (PX1) ?
Mostapha Belkhayate : Pour le moment, les opérateurs français sont optimistes. Le CAC se dirige vers son plus haut et cela complétera la "seconde épaule" technique. Et là, danger ! La liquidité va commencer à s’assécher et l’euro montera malgré tous les efforts des autorités européennes. A partir du début de l’été, il serait prudent de prendre ses profits car l’indice parisien pourrait perdre jusqu’à 1.000 points, le ramenant avant la fin de l’année à 4.600 ! Regardez avec objectivité le graphique du CAC 40 (PX1) : il nous prépare un double sommet baissier, un véritable cas d'école de l'analyse technique…
Capital.fr : Vous êtes négatif sur les actions, mais les obligations et l'immobilier sont déjà assez chers… Vers quels placements alternatifs pourrait-on se tourner ?
Mostapha Belkhayate : J’en parle déjà depuis cinq ans : le meilleur placement alternatif est l’or. Il va s’envoler pour dépasser ses plus hauts historiques (850 dollars l’once) avant la fin de l'année. Lorsqu'on arrivera au seuil psychologique de 1.000 dollars, on réalisera que le roi des métaux a définitivement retrouvé son statut d’antan. Aucune autre devise au monde ne peut présenter autant de qualités que le métal jaune pour assurer la stabilité monétaire d’un pays. Sa production est limitée, tout le contraire du billet vert qui est imprimé en quantité presque illimitée sans autre garantie que la crédibilité du système financier américain. Depuis 5.000 ans, la seule monnaie d’échange qui a survécu (et qui survivra encore), c’est l’or. Il a été fortement combattu par les autorités financières américaines pour mettre un maximum de dollars dans les réserves de change des banques centrales et diminuer le plus possible leur stock d’or. (Retrouvez l'analyse complète ici). Mais attention : pour allier sécurité et performance, il faut investir dans les lingots d’or physiques. Si vous achetez de l’or papier à la banque et que celle-ci fait faillite, votre investissement est en danger car il fait partie de leur "book" : conservez votre or en dehors des livres de la banque, dans un coffre-fort. Dans quelques années, vous serez heureux d’avoir suivi mon conseil.
Propos recueillis par Nicolas Gallant
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