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Loic ABADIE Auteur du blog Tropical Bear, le blog de la déflation
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Deux marchés anticipent actuellement deux situations économiques opposées :
Les matières premières, en particulier le pétrole, l’or et les matières premières agricoles anticipent une accélération de l’inflation, alors que les marchés obligataires avec des taux historiquement bas anticipent au contraire une disparition de l’inflation, et des menaces déflationnistes. L’un des deux va donc se tromper, reste à savoir lequel.
Pour mieux comprendre ce qui se passe, il faut en revenir aux relations économiques entre pays développés (Amérique du Nord / Europe / Japon principalement) et pays émergents (Chine et Inde en particulier).
La petite poussée inflationniste observée depuis 2006-2007 (qui commence à devenir sérieuse aux USA avec une inflation de plus de 4%) n’a rien à voir avec une soi-disant action dans le sens d’une création anarchique de monnaie des banques centrales ou des gouvernements.
Au contraire, l’agrégat M1 reste quasiment stable, et c’est lui qui mesure le mieux cette action.
Pour en trouver la cause, il faut donc aller chez les pays émergents.
La Chine occupe aujourd’hui une part encore assez faible du PIB mondial (un peu moins de 6%) et l’Inde encore plus faible (un peu plus de 2%).
Par contre, des pays comme la Chine et l’Inde sont déjà la « fabrique du monde », et exercent une influence déjà très forte sur les marchés de matières premières : La Chine est le 1er émetteur mondial de CO2, 2ème consommateur mondial de pétrole, et 1er consommateur de nombreux métaux de base, ou encore le 1er producteur et consommateur mondial de céréales.
C’est donc bien la croissance des émergents qui fait aujourd’hui le cours des matières premières et a provoqué les tendances inflationnistes de 2006-2007.
2007 a été caractérisé par un découplage total entre les USA et la Chine : ralentissement modéré aux USA, forte croissance en Chine.
Pour que l’inflation cède la place à la déflation, il faut que ce découplage cesse, donc qu’il y ait une contagion au moins partielle de la crise dans les pays émergents. Cela demande du temps et plusieurs étapes :
1) baisse de la demande en biens immobiliers aux USA + hausse des faillites d’emprunteurs (depuis 2007)
2) chute des prix immobiliers, crise du marché hypothécaire et du secteur financier (fin 2007, 2008)
3) ralentissement de la consommation, de la croissance du crédit et récession légère (à partir du début 2008 aux USA).
4) récession s’aggravant et s’étendant à l’Europe, forte chute de la consommation et contraction du crédit (à venir)
5) chute des importations en provenance des pays émergents (à venir)
6) baisse de production industrielle des pays émergents (les exportations de la Chine représentent 40% de son PIB) et baisse de la demande en mat 1ères. (à venir)
Le passage d’une étape à l’autre n’est pas instantané, ce qui explique qu’en ce moment les matières premières résistent bien (et l’inflation avec) alors que les USA commencent à entrer en récession.
Ce graphique, sur 2007, montre une croissance en monnaie courante des exportations chinoises de 20% en rythme annuel, sans aucun signe de ralentissement.
On retrouve dans cette étude un niveau de croissance de 15 à 20% par an ces dernières années au niveau des exportations vers l’Europe.
Le premier signe d’une contagion à la Chine ne date que de février 2008, cet article montrant une contraction d’un tiers de l’excédent commercial chinois à cause d’un ralentissement de la croissance des exportations vers les USA. ce signe est pour l’instant encore modeste et demande à être confirmé. Mais quand cette contagion sera en place, les investisseurs verront à leur grand étonnement la petite poussée inflationniste en cours laisser place à une récession / déflation puissante avec une chute générale de tous les actifs et de tous les prix…et c’est le marché obligataire qui aura eu raison au final !
Loic Abadie
Mars 2008
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