Lettre ouverte à Dominique Strauss-Kahn
Directeur du Fonds Monétaire International
Monsieur le directeur,
Je publie cette lettre, au lieu de vous l’envoyer par courrier normal, car vous avez dit, un soir d’automne à Marrakech, lors d’un dîner avec les VIP du Festival de Cinéma :
Pour « passer » une idée importante, il ne faut surtout pas la glisser sous la porte…
En tant que gérant d’un fonds Or, spécialisé dans l’achat et la vente de lingots d’or, je suis soulagé de vous voir prendre le tête de l’institution financière qui possède le plus d’or dans le monde. Et espérer attirer votre attention sur un phénomène particulier dont vous jugerez par vous-même s’il revêt ou non un caractère flagrant de délit d’initiés.
Mes conclusions, après 10 années d’expérience dans le négoce de lingots d’or sont :
- Le cours de l’or est manipulé de manière indiscutable.
- Ceux qui le manipulent (toujours les mêmes) bénéficient d’une information privilégiée à laquelle le public n’a jamais accès.
- Depuis des décennies, cette manipulation leur permet de s’enrichir facilement tout en freinant la hausse de l’or.
- Cette manipulation dérègle totalement le déroulement naturel du compartiment Or dans les réserves de change des banques centrales, et par conséquence directe, les compartiments devises étrangères.
Seul le nouveau FMI peut arrêter cette mascarade et donner une véritable transparence au marché de l’or. Voici comment :
Le FMI doit exiger des institutions financières qui empruntent de l’or aux banques centrales d’en publier les détails (montant exact des emprunts, le taux d’emprunt et les échéances).
Aujourd’hui, elles se contentent de reporter leurs positions d’achat et de vente d’or physique mais absolument pas les détails des prêts en or. Et exiger également des banques centrales de reporter les détails de leurs prêts en or. Ce sera une révolution !
Pour nous, professionnels privés du métal jaune, ce type d’information vaut largement son pesant d’or. Voici pourquoi :
- Le cours de l’or est loin d’être déterminé par le rapport offre/demande
- Il est à 80% contrôlé par le circuit hermétique des prêts en or
- Six banques internationales se partagent le monopole de ce circuit.
Entre l’offre et la demande il y a environ un déficit annuel de 500 tonnes d’or alors que le business des emprunts en or peut dépasser 4000 tonnes par an. Voici le déroulement d’une bonne affaire d’une des banques internationales :
La banque X emprunte à une banque centrale 100 tonnes d’or, à un taux d’intérêt de 1% sur un an par exemple. Puis elle le vend sur le marché pour récupérer du cash qu’elle va placer sur des bonds de trésor qui, eux vont rapporter 5%. Rien à reprocher ici. Seulement, cette banque de Londres, qui a une filiale à Dubaï et Tokyo, sait exactement quand et combien d’or elle va mettre sur le marché. Une information précieuse qu’elle seule détient et qui lui permet, à travers les différents marchés internationaux de l’or de réaliser des profits rapides et faciles. Et cela, depuis des décennies.
Monsieur le directeur, le marché de l’or est de plus en plus voué à gagner en importance. Une transparence totale quant aux opérations de prêts en or lui donneront l’équilibre dont il a tant besoin.
Pour le FMI le calcul est simple : cette transparence va laisser l’or monter de manière naturelle, pour correspondre aux réalités du marché. Pour chaque dollar de hausse, le FMI réalisera un profit de 110 millions de dollars (puisque détenant environ 110 millions d’onces).
Le métal jaune est destiné à atteindre les niveaux de 1800 USD avant 2010, soit un profit pour le FMI de 1400 milliards de dollars.
De quoi financer tranquillement le développement des pays pauvres sans avoir à forcer la main à certains pays membres.
El Mostafa Belkhayate Marrakech, le 16 Octobre 2007
mostafa@belkhayate.ma