mercredi 13 février 2008

Une fusion CME-Nymex profiterait aux céréales et à l'énergie


Par Christine Stebbins et Timothy Gardner

CHICAGO/NEW YORK (Reuters) - Les marchés américains de l'énergie et ceux des céréales, déjà rapprochés par l'essor des biocarburants, pourraient se rapprocher officiellement si le projet de fusion entre CME Group et le New York Mercantile Exchange (Nymex) aboutit.

Le CME de Chicago, premier marché de dérivés du monde, et le Nymex, première place américaine dédiée à l'énergie, ont confirmé lundi avoir entamé des négociations sur une éventuelle fusion qui valoriserait le Nymex à 11 milliards de dollars environ.

Ces discussions - exclusives pendant 30 jours - constituent le dernier mouvement en date du cycle de concentration du secteur des marchés dérivés, sur lesquels les opérateurs échangent des futures et des options pour se couvrir.

Le CME est lui-même né en juillet 2007 de la fusion entre le Chicago Mercantile Exchange et le Chicago Board of Trade.

L'ensemble né d'une éventuelle fusion entre CME et Nymex représenterait environ 95% du volume quotidien des futures et des options, couvrant une dizaine de matières premières, du pétrole brut aux céréales en passant par le bétail, mais aussi les bons du Trésor, les indices actions et l'eurodollar.

Un tel mariage se traduirait aussi par un rapprochement intéressant dans le domaine des carburants.

Aux États-Unis, le pétrole côté sur le Nymex sert de référence, tandis que le maïs et le soja échangés sur le marché des céréales CBOT, l'une des branches du CME, sont utilisés comme matières premières pour produire de l'éthanol et du biodiesel. Ces deux carburants alternatifs sont en pleine croissance grâce à une législation américaine contraignante.

BIENTÔT L'ETHANOL SUR LE NYMEX ?

L'année dernière, le CBOT a fait de l'ombre au pétrole sur Nymex. Alors que le pétrole brut sur Nymex a atteint un record de 100 dollars le baril, l'huile de soja sur le CBOT a grimpé à un plus haut historique à plus de 56 cents la livre.

"Il existe sans aucun doute une opportunité de réduction des coûts des participants, ce qui rendra les échanges plus compétitifs. Sur les marchés dérivés, plus vous pouvez combiner des types de produits différents, plus vous avez un avantage, et plus vous avez de marge", explique Michael Henry, spécialiste des marchés de capitaux au cabinet de conseil Accenture.

Dans les raffineries américaines d'éthanol, le maïs et le gaz naturel sont - dans l'ordre - les deux principales matières premières utilisées pour produire de l'éthanol.

Ainsi une raffinerie qui possède deux moyens pour se couvrir en achetant soit du maïs sur CBOT, soit du gaz naturel sur Nymex, verrait ses commissions baisser avec un nouveau système d'échange unifié.

Si la fusion a lieu, elle pourrait aussi dynamiser les échanges de futures éthanol du CBOT, qui peine pour l'instant à établir sa position, le secteur préférant toujours gérer ses risques de prix sur les marchés de gré à gré.

"Coter un futures d'éthanol sur un marché agricole à Chicago est la plus grosse erreur que l'on pouvait commettre", estime Tom Knight, trader pétrolier chez Truman Arnold.

"Je pense que les échanges sur ce contrat pourraient être environ 10 fois plus importants qu'aujourd'hui s'il était coté sur le Nymex. La réalité est que la plupart des gens qui travaillent sur l'énergie (acheteurs, raffineurs, traders) le font sur Nymex et pas sur CBOT.

Phil Flynn, analyste de marché chez Alaron Trading à Chicago partage cet avis et estime que la fusion offrira de nombreuses opportunités et qu'elle profitera "à tous les consommateurs d'énergie et d'éthanol du pays".

Christine Stebbins et Timothy Gardner, version française

Mathilde Cru